Houda Benyamina : une réinvention féministe des Trois Mousquetaires avec ‘Toutes pour une

Houda Benyamina : Découvrez ‘Toutes pour une’, la nouvelle adaptation audacieuse des ‘Trois Mousquetaires’ par Houda Benyamina, mettant en lumière une perspective féministe et moderne
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Houda Benyamina est une réalisatrice et scénariste française d’origine marocaine, née le 30 novembre 1980 à Viry-Châtillon. Elle est notamment connue pour son premier long métrage, “Divines”, qui a remporté la Caméra d’or au Festival de Cannes en 2016. Son dernier film, “Toutes pour une”, sorti en janvier 2025, est une adaptation libre des “Trois Mousquetaires” d’Alexandre Dumas, avec une perspective féministe.
Biographie de Houda Benyamina
Houda Benyamina a grandi en banlieue parisienne, à Viry-Châtillon. Dès son plus jeune âge, elle s’intéresse au cinéma et décide de suivre une formation dans ce domaine. Elle fonde l’association 1000 Visages, visant à démocratiser l’accès aux métiers du cinéma pour les jeunes issus de milieux défavorisés.
En 2016, elle réalise “Divines”, un film qui explore la vie de deux jeunes femmes de banlieue en quête de réussite. Le film est acclamé par la critique et remporte plusieurs récompenses, dont la Caméra d’or à Cannes et trois César en 2017.
“Toutes pour une” : une réinterprétation féministe des “Trois Mousquetaires”
“Toutes pour une” est une adaptation audacieuse du classique d’Alexandre Dumas. Dans cette version, les célèbres mousquetaires sont incarnés par des femmes. Le film suit Sara, une jeune fille en fuite, qui découvre que les protecteurs de la reine de France sont en réalité des femmes. Elle décide alors de les rejoindre et de suivre leur exemple pour se libérer et devenir elle-même
Le casting réunit des actrices talentueuses telles qu’Oulaya Amamra dans le rôle de Sara, Sabrina Ouazani en Athos, Déborah Lukumuena en Portau et Daphné Patakia en Aramitz.
Réception critique et box-office
À sa sortie en janvier 2025, “Toutes pour une” a suscité des réactions mitigées. Certains critiques ont salué l’audace de la réinterprétation et la performance des actrices, tandis que d’autres ont critiqué le film pour son approche qu’ils considèrent comme trop “woke”. Le film a également été victime de “review bombing”, une pratique consistant à inonder les plateformes de critiques négatives pour des raisons idéologiques.
Au box-office, le film n’a pas rencontré le succès escompté, avec un nombre de spectateurs inférieur aux attentes. Cette contre-performance a alimenté les débats sur la place du féminisme et de la diversité dans le cinéma français.
L’impact de “Toutes pour une” sur le paysage cinématographique français
Malgré une réception mitigée, “Toutes pour une” s’inscrit dans une tendance du cinéma français à revisiter des œuvres classiques sous un angle moderne et inclusif. Le film de Houda Benyamina participe à la réflexion sur la représentation des femmes et des minorités à l’écran, et ouvre le débat sur la manière dont le patrimoine littéraire peut être réinterprété pour refléter les enjeux contemporains.
Houda Benyamina continue de marquer le cinéma français par ses choix audacieux et son engagement en faveur de la diversité et de l’inclusion. “Toutes pour une” est une œuvre qui, malgré les controverses, contribue à enrichir le débat sur la représentation et l’adaptation des classiques littéraires au cinéma.
Toutes pour une” : une relecture audacieuse et un naufrage cinématographique
L’adaptation cinématographique du célèbre roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, par la réalisatrice Houda Benyamina n’a pas eu le succès escompté. Avec seulement 9 407 entrées en cinq jours et une absence remarquée du top 30 du box-office, “Toutes pour une” semble être un des échecs notables du cinéma français récent. Pourtant, l’ambition du film était claire : revisiter un classique en proposant une vision féminine et contemporaine des célèbres bretteurs de Dumas.
Une réinterprétation qui divise
Houda Benyamina, reconnue pour son film “Divines” (2016), avait l’intention de bouleverser les codes en transformant les mythiques mousquetaires masculins en un quatuor féminin incarné par Oulaya Amamra, Sabrina Ouazani, Déborah Lukumuena et Daphne Patakia. Un choix audacieux qui n’a pas manqué de susciter des réactions contrastées.
Le film repose sur une trame narrative assez classique, inspirée des nombreuses adaptations antérieures du roman, notamment celles de 1961, 1973, 1989, 1993, 2001 et les deux productions récentes de 2023 mettant en scène François Civil, Vincent Cassel et Louis Garrel. Toutefois, l’innovation majeure réside dans la nécessité pour les héroïnes de se travestir en hommes pour s’intégrer aux mousquetaires du roi Louis XIII. Bandages pour dissimuler leur poitrine, fausses barbes et moustaches, perruques : autant d’artifices qui soulignent la contrainte sociale pesant sur les femmes de l’époque et, par extension, sur les héroïnes du film.
Un accueil critique sévère
Dès sa sortie, le film a été largement critiqué. Eric Neuhoff, journaliste au Figaro, n’a pas mâché ses mots : « Le film patauge, ne sait pas sur quel pied danser, hésite entre western spaghetti et pamphlet vaguement féministe. » Selon lui, la mise en scène manque de cohérence et les choix artistiques, notamment l’ajout de musiques anglo-saxonnes, détonnent avec l’univers historique de l’intrigue.
D’autres critiques reprochent au film un excès de didactisme et une lourdeur dans son message féministe. Plutôt que de proposer une relecture subtile et nuancée, “Toutes pour une” martèlerait son propos à grands renforts de scènes démonstratives et d’un discours parfois caricatural. Cette approche aurait contribué à l’aliénation du public, plutôt qu’à une adhésion enthousiaste.
Un échec commercial sans appel
Le public ne semble pas avoir répondu à l’appel des mousquetaires féminins. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en cinq jours, seulement 9 407 spectateurs se sont déplacés pour voir le film, malgré une distribution dans 155 salles. En comparaison, Jouer avec le feu de Vincent Lindon, sorti le même jour, a attiré 20 252 spectateurs dès son premier jour, soit vingt fois plus d’entrées avec un budget pourtant inférieur (4,5 millions d’euros contre 10 millions pour “Toutes pour une”).
L’écart est encore plus flagrant lorsqu’on observe les chiffres du premier jour d’exploitation : 1271 entrées pour 564 séances, soit une moyenne d’à peine deux spectateurs par séance. Une catastrophe pour un film de cette envergure, qui se voulait être un événement cinématographique.
Allociné face à la polémique
Le film n’a pas seulement été boudé par le public : il a également été victime d’une campagne de notations extrêmes sur les plateformes de critique. Allociné a même dû suspendre temporairement l’affichage des notes spectateurs en raison d’un afflux inhabituel de notes extrêmes (0,5 ou 5 étoiles) et de la création massive de nouveaux comptes utilisateurs.
Ce phénomène, de plus en plus fréquent sur les films jugés “polémiques”, reflète un climat où certaines productions sont instrumentalisées dans des débats idéologiques. “Toutes pour une” semble avoir cristallisé des tensions autour de la question de la réécriture des classiques sous un prisme progressiste.
Pourquoi un tel rejet ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer cet échec retentissant :
- Une proposition trop clivante : En transformant des figures masculines iconiques en héroïnes féminines, le film a pu rebuter une partie du public attachée aux figures traditionnelles de Dumas. Certains spectateurs ont perçu cette démarche comme une “réécriture forcée” du patrimoine littéraire français.
- Un marketing inadapté : La communication autour du film a mis en avant son aspect féministe, mais sans réussir à convaincre une cible suffisamment large. Le public cinéphile traditionnel n’y a pas trouvé son compte, tandis que les spectateurs engagés n’ont pas non plus massivement soutenu le projet.
- Une qualité cinématographique en question : Au-delà de l’aspect idéologique, le film souffrirait de faiblesses objectives : rythme inégal, mise en scène confuse, dialogues artificiels. Autant d’éléments qui n’ont pas permis de séduire même les plus curieux.
“Toutes pour une” : un cas d’école ?
Le cas de “Toutes pour une” pose une question plus large sur la manière dont les classiques sont revisités aujourd’hui. Faut-il à tout prix réinterpréter les œuvres du passé à travers le prisme contemporain ? Peut-on moderniser une histoire sans trahir son essence ? L’échec du film pourrait servir de leçon aux futurs projets cherchant à conjuguer tradition et réinterprétation.
D’autres relectures féminines de classiques ont pourtant réussi, comme “Les Filles du Docteur March” de Greta Gerwig (2019), qui a su allier fidélité à l’œuvre originale et modernité dans son discours. La différence ? Une mise en scène plus subtile et un respect du matériau de base qui n’a pas brusqué les attentes du public.

“Toutes pour une” restera sans doute dans les annales du cinéma français comme une tentative manquée d’actualiser un monument de la littérature. Si l’intention de Houda Benyamina était louable, son approche a peiné à convaincre, tant sur le plan critique que commercial. Cet échec rappelle qu’un bon concept ne suffit pas : encore faut-il que l’histoire, la mise en scène et le ton soient au service d’une expérience cinématographique immersive et engageante.
Loin de sonner le glas des adaptations audacieuses, ce revers incitera peut-être les cinéastes à trouver des approches plus nuancées et subtiles pour réinterpréter le patrimoine littéraire, sans heurter ni forcer une vision idéologique qui peine encore à trouver son public.
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